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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 13:47

Anniversaire :

 

Maximilien Robespierre

(6 mai 1758 - 10 Thermidor an II de la République)

 

 

  

"Je suis du peuple. Je n'ai jamais été que de là. Je ne veux être que cela. Je méprise quiconque a la prétention d'être quelque chose de plus."

Je suis du peuple, je n'ai jamais été que de là, je ne veux être que cela; je méprise quiconque a la prétention d'être quelque chose de plus.


 

Je suis du peuple, je n'ai jamais été que de là, je ne veux être que cela; je méprise quiconque a la prétention d'être quelque chose de plus.


 

 

 
"L'Homme est né pour le bonheur et pour la liberté et partout il est esclave et malheureux ! La société a pour but la conservation de ses droits et la perfection de son être ; et partout la société le dégrade et l'oprime ! Le temps est venu de le rappeler à ses véritables destinées"
 
(Robespierre à la Convention le 10 mai 1793). 

 

 

 

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 15:14

Par Darthé-Payan

 

Alors que l'éducation, l'école publique sont les grands absentes de la campagne électorale présidentielle, je vous propose un court extrait d'un discours de Jules Ferry tenu, le 10 avril 1870, lors d'une conférence à la salle Molière à Paris et  intitulée "De l'égalité de l'Education" .  A lecture de cet extrait, nous pouvons que constater que son contenu semble toujours aussi d'actualité !

 

L'école républicaine, publique et laïque et l'instruction publique sont quasiment laissées à l'abandon, détériorées et ne devenant que de simples variantes d'ajustement ou de supplément d'âme ou d'alarme ! Aucun grand projet éducatif n'est signalé dans les programmes des dix candidats à l'élection présidentielle !

 

La France n'a plus de monnaie  ni de souveraineté nationales, n'a plus beaucoup d'industries et bientôt n'aura plus guère de politique républicaine d'instruction publique et éducative.

 

Un pays qui abandonne son école et toute politique volontariste et émancipatrice en matière d'éducation est un pays qui est amené à décliner, à rétablir les castes de l'Ancien Régime et à perdre tout rayonnement universel !

 

Un sursaut républicain de Salut public n'en est que plus indispensable !

 

Salut et Fraternité.

 

D-P.

 

 

 

 

 

Document  obtenu avec l'aide du CNDP.

___________________________

 

 

  

 

 

Discours de Jules Ferry, le 10 avril 1870, salle Molière à Paris.

 

 

"Mesdames et Messieurs

 

J'ai moi-même choisi le sujet [de cette conférence] ; je l'ai défini : De l'égalité de l'éducation, et je suis sûr que, parmi les personnes qui me font l'honneur de m'entendre, il en est un grand nombre qui, à l'aspect de ce titre un peu général, un peu mystérieux, se sont dit : quelle est cette utopie ? Or, ma prétention est de vous montrer que l'égalité d'éducation n'est pas une utopie ; que c'est un principe; qu'en droit, elle est incontestable et qu'en pratique, dans les limites que je dirai, et en vertu d'une expérience décisive que j'ai principalement pour but de vous faire connaître,cette utopie apparente est dans l'ordre des choses possibles. […]

 

L'inégalité d'éducation est, en effet, un des résultats les plus criants et les plus fâcheux, au point de vue social, du hasard de la naissance. Avec l'inégalité d'éducation, je vous défie d'avoir jamais l'égalité des droits, non l'égalité théorique, mais l'égalité réelle, et l'égalité des droits est pourtant le fond même et l'essence de la démocratie.

 

Faisons une hypothèse et prenons la situation dans un de ses termes extrêmes : supposons que celui qui naît pauvre naisse nécessairement et fatalement ignorant; je sais bien que c'est là une hypothèse, et que l'instinct humanitaire et les institutions sociales, même celles du passé, ont toujours empêché cette extrémité de se produire ; il y a toujours eu dans tous les temps, - il faut le dire à l'honneur de l'humanité, - il y a toujours eu quelques moyens d'enseignement plus ou moins organisés, pour celui qui était né pauvre, sans ressources, sans capital. Mais, puisque nous sommes dans la philosophie de la question, nous pouvons supposer un état de choses où la fatalité de l'ignorance s'ajouterait nécessairement à la fatalité de la pauvreté, et telle serait, en effet, la conséquence logique, inévitable d'une situation dans laquelle la science serait le privilège exclusif de la fortune. Or, savez-vous, messieurs, comment s'appelle, dans l'histoire de l'humanité, cette situation extrême ? c'est le régime des castes. Le régime des castes faisait de la science l'apanage exclusif  de certaines classes. Et si la société moderne n'avisait pas à séparer l'éducation, la science, de la fortune, c'est-à-dire du hasard de la naissance, elle retournerait tout simplement au régime des castes.

 

A un autre point de vue, l'inégalité d'éducation est le plus grand obstacle que puisse rencontrer la création de mœurs vraiment démocratiques. Cette création s'opère sous nos yeux; c'est déjà l’œuvre d'aujourd'hui, ce sera surtout l’œuvre de demain; elle consiste essentiellement à remplacer les relations d'inférieur à supérieur sur lesquelles le monde a vécu pendant tant de siècles, par des rapports d'égalité. Ici, je m'explique et je sollicite toute l'attention de mon bienveillant auditoire. Je ne viens pas prêcher je ne sais quel nivellement absolu des conditions sociales qui supprimerait dans la société les rapports de commandement et d'obéissance. Non, je ne les supprime pas : je les modifie. Les sociétés anciennes admettaient que l'humanité fût divisée en deux classes : ceux qui commandent et ceux qui obéissent; tandis que la notion du commandement et de l'obéissance qui convient à une société démocratique comme la nôtre, est celle-ci : il y a toujours, sans doute, des hommes qui commandent, d'autres hommes qui obéissent, mais le commandement et l'obéissance sont alternatifs, et c'est à chacun à son tour de commander et d'obéir. (Applaudissements.)

 

Enfin, dans une société qui s'est donné pour tâche de fonder la liberté, il y a une grande nécessité de supprimer les distinctions de classes. Je vous le demande, de bonne foi, à vous tous qui êtes ici et qui avez reçu des degrés d'éducation divers, je vous demande si, en réalité, dans la société actuelle, il n'y a plus de distinction de classes? Je dis qu'il en existe encore ; il y en a une qui est fondamentale, et d'autant plus difficile à déraciner que c'est la distinction entre ceux qui ont reçu l'éducation et ceux qui ne l'ont point reçue. Or, messieurs, je vous défie de faire jamais de ces deux classes une nation égalitaire, une nation animée de cet esprit d'ensemble et de cette confraternité d'idées qui font la force des vraies démocraties, si, entre ces deux classes, il n'y a pas eu le premier rapprochement, la première fusion qui résulte du mélange des riches et des pauvres sur les bancs de quelque école. (Applaudissements ) […]"             

          

                                                  

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 14:59

Par Darthé-Payan

 

A trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle, alors que beaucoup de nos concitoyens ne se sentent absolument pas convaincus  par les dix candidats en lice et  qu'une forte abstention (32 %) est annoncée si l'on en croit les Instituts de sondages et  bien,  je vous propose de mettre en Une de ce blog, l'excellent discours de Léon Gambetta, prononcé en 1877, à propos du suffrage universel.

 

 

  Léon Gambetta (1838-1882) est né à Cahors (Lot). Avocat de Profession, il entre en politique et se lie avec Adolphe Crémieux dont il sera le collaborateur puis Clément Laurier et Jules Ferry. Il fut un  grand politique et un grand homme d'Etat,  fervent et ardent républicain et laïc, grand patriote, partisan de la République souveraine qui émancipe, des libertés publiques, de la séparation de l'église et de l'Etat. Il proclame le retour de la République en 1871 alors qu'il siège comme Ministre de l'Intérieur du Gouvernement de Défense nationale. Gambetta fût membre de l'Union Républicaine et grand promoteur du suffrage universel et de l'implication du citoyen souverain. Ce Franc-Maçon sera élu parlementaire et deviendra Président de la Chambre des Députés. Sous la Présidence de Jules Grèvy, il deviendra Président du Conseil et Ministre des Affaires Étrangères. Ce sera le "Grand Ministère". Durant cette période, il fera avancer les valeurs et principes républicains et laïcs notamment avec Jules Ferry et proposera de réformer  le mode de scrutin au suffrage universel et de l'inscrire dans la Loi Constitutionnelle. Son projet sera repoussé et entraînera la chute de son gouvernement en 1882. Il décédera quelques temps après.

 

Le 11 novembre 1920, son cœur est transféré au Panthéon. Il repose dans une urne placée dans l'escalier qui descend à la crypte.

 

 

Maintenant, je vais vous laisser lire l'excellent discours que j'ai récolté auprès  de l'Assemblée nationale dont je remercie les archivistes qui sont les gardiens fidèles et méticuleux de la mémoire républicaine et parlementaire de notre pays. Je vous reccommande également, l'excellente biographie de Léon Gambetta : "Léon Gambetta, La Patrie et la République" Jean-Marie Mayeur publiée aux Editions Fayard.

 

Bonne lecture.

 

Salut et Fraternité.

 

 

_____________________________________________________________________________

 

 

 

Léon Gambetta

Le suffrage universel, « Cette institution fondamentale de la liberté démocratique »

 

Discours au Cirque du Château d'Eau, Paris : 9 octobre 1877
 

 

Pendant la crise du seize mai, Gambetta consacre son dernier grand discours avant le scrutin à l'exaltation du suffrage universel.

L'année suivante, après le dénouement il déclare : « II nous appartient aujourd'hui de remplacer la force par le calcul parce que nous sommes en possession  d'un instrument souverain qui manquait à nos pères : la nation consultée par le suffrage universel (Applaudissements et acclamations prolongées.) ... Lorsqu'il y a sept ans, il nous donnait tort, l'avons-nous attaqué, nous sommes-nous retournés contre lui ? Non. J'ai dit à ce moment, et je tiens à le répéter, que c'est à lui qu'il fallait s'adresser en parcourant la France, en visitant jusqu'à ses hameaux pour faire pénétrer au fond des âmes les véritables principes restaurateurs et réparateurs de la patrie, et j'ajoutais qu'un jour viendrait où ce suffrage universel, qui s'était prononcé dans un jour de malheur ... remettrait tout en place, nous reporterait aux affaires et dans des conditions qui ne permettraient à personne de contester vos titres, d'entraver votre action sous peine d'être des factieux que la loi atteindrait ».

Gambetta considère le suffrage universel comme une loi fondamentale de la démocratie non liée à des conditions. Aussi déclare-t-il devant la Ligue de l'Enseignement : « Oui, le suffrage universel est le droit, il est le droit en exercice et il ne faudrait pas laisser dire un seul instant que son principe ou sa valeur peuvent dépendre de l'état intellectuel de tout un peuple car, cet état intellectuel, nul n'est en possession de le mesurer. Ce qu'il faut dire aux âmes passionnées comme la vôtre, ce qu'il faut leur demander, c'est de fonder des écoles, d'ouvrir des cours et des conférences, de rapprocher les hommes par l'instruction, afin d'éclairer chaque jour davantage le suffrage universel ».

Au cœur de la crise, il lie la défense des institutions républicaines à l'existence du suffrage universel.

_______________________

Je dis que ce qui est en jeu dans les élections actuelles, c'est l'existence même du suffrage universel. En effet, mes chers concitoyens, qu'adviendrait-il, je vous le demande, quand ce suffrage s'est prononcé il y a seize mois à peine dans la plénitude de sa puissance et de sa volonté, en choisissant, arrondissement par arrondissement, une immense majorité de représentants républicains chargés de défendre, d'organiser, de développer la République, qu'adviendrait-il si, à quelques mois de distance, sous l'effort d'une pression administrative, sous l'influence de la peur et de l'intimidation, par l'effet d'une corruption habilement organisée, il pouvait se faire que ce suffrage se donnât à lui-même un démenti formel ? A l'instant même ses adversaires voudraient lui retirer l'existence juridique et légale ; ils lui diraient : Arrière, peuple ! reviens à la servitude, puisque tu tiens à te donner des maîtres, alors que tu as la toute-puissance qui maintenant te sera enlevée à jamais ! (Salve d'applaudissements.)

Messieurs, c'est pourtant là ce qu'on attend, ce qu'on espère. Et qui a conçu de telles espérances ? Disons-le, ce sont les hommes qui sont au pouvoir, comme ceux qui se tiennent dans l'ombre, derrière le pouvoir, pour l'inspirer et le guider. Tous ces hommes n'ont jamais abdiqué leur aversion profonde, leur haine systématique du suffrage universel ; ils n'ont jamais abjuré cette détestation de l'égalité politique conférée à tous et à chacun par le droit de suffrage, base inébranlable de la démocratie, cause efficiente et génératrice, perpétuellement génératrice de la république.

Aussi, Messieurs, ceux qui ont voué de tout temps une haine acharnée au suffrage universel au lendemain de nos désastres, quand ils ont trouvé le suffrage universel désemparé pour s'être porté à lui-même des coups terribles, ayant, en votant des plébiscites successifs, mis en question sa propre valeur et sa haute efficacité, qu'ont-ils fait ? Ils ont essayé de porter la main sur cette institution fondamentale de la liberté démocratique de France. Mais ils ont reculé : la résistance qu'ils ont rencontrée était trop forte. Depuis vingt-neuf ans attachés à ce symbole évident de leur souveraineté légale, le paysan, l'ouvrier, le bourgeois, le prolétaire, tous étaient prêts à défendre le suffrage universel.

Ne pouvant ni l'enlever ni le restreindre, on a cherché à tourner l'obstacle ; c'est alors que l'on a proposé de reculer la majorité politique, de rendre très difficile l'inscription électorale ; on a cherché à expulser du grand corps politique du suffrage universel deux, trois, quatre, cinq générations, dans l'espoir de le modifier avec avantage.

On n'y est pas parvenu, mais la pensée persiste. Et, en effet, si ce suffrage universel, qui chaque jour se mûrit, chaque jour devient plus éclairé et plus sage, qui chaque jour s'instruit et se développe, arrive à se reconnaître pleinement lui-même d'un bout de la France à l'autre, que pèseront les mesquines intrigues, les tentatives d'une minorité dont les prétentions hautement affichées ne suffisent pas à masquer la complète impuissance ? Qu'arrivera-t-il lorsque toute la France sera d'un côté... et tous ces infatués petits-maîtres de l'autre ? (Nouvelle approbation.)

Aussi, Messieurs, soyez sûrs que telle était bien la pensée des hommes du seize mai, lorsque cette tentative de consultation du suffrage universel est si brusquement intervenue, a été si brusquement provoquée ; les causes secrètes de cet acte inattendu ont été heureusement expliquées, mais les prétextes apparents étaient de nature à tromper le sentiment public, – soyez sûrs qu'à l'heure où la dissolution a été prononcée, soyez sûrs que l'on cherchait à obtenir du suffrage universel, non pas seulement le désaveu de ses actes antérieurs, mais sa propre condamnation définitive, prononcée par la plus haute autorité qu'il y ait dans ce pays, par le suffrage universel lui-même.

Aujourd'hui, citoyens, si le suffrage universel se déjugeait, c'en serait fait, croyez-le bien, de l'ordre en France, car l'ordre vrai – cet ordre profond et durable que j'ai appelé l'ordre républicain – ne peut en effet exister, être protégé, défendu, assuré, qu'au nom de la majorité qui s'exprime par le suffrage universel. (Très bien ! très bien ! - Bravo ! bravo !)

Et si l'on pouvait désorganiser ce mécanisme supérieur de l'ordre, le suffrage universel, qu'arriverait-il ? Il arriverait, Messieurs, que les minorités pèseraient autant que les majorités ; il arriverait que tel qui se prétendait investi d'une mission en dehors de la nation, d'une mission que l'on qualifierait de providentielle, en dehors et au-dessus de la raison publique, que celui-là irait jusqu'au bout, puisqu'on lui aurait donné la permission de tout faire jusqu'au bout...

Mais, Messieurs, il n'est pas nécessaire, heureusement, de défendre le suffrage universel devant le parti républi­cain qui en a fait son principe, devant cette grande démocratie dont tous les jours l'Europe admire et constate la sagesse et la prévoyance, à laquelle, tous les jours, de tous les points de l'univers, arrivent les sympathies éclatantes de tout ce qu'il y a de plus éminent dans les pays civilisés du monde. Aussi bien, je ne présente pas la défense du suffrage universel pour les républicains, pour les démocrates purs ; je parle pour ceux qui, parmi les conservateurs, ont quelque souci de la modération pratiquée avec persévérance dans la vie publique. Je leur dis, à ceux-là : Comment ne voyez-vous pas qu'avec le suffrage universel, si on le laisse librement fonctionner, si on respecte, quand il s'est prononcé, son indépendance et l'autorité de ses décisions, – comment ne voyez-vous pas, dis-je, que vous avez là un moyen de terminer pacifiquement tous les conflits, de dénouer toutes les crises, et que, si le suffrage universel fonctionne dans la plénitude de sa souveraineté, il n'y a plus de révolution possible, parce qu'il n'y a plus de révolution à tenter, plus de coup d'État à redouter quand la France a parlé ? (Très bien ! très bien ! Applaudissements.)

C'est là, Messieurs, ce que les conservateurs, c'est là ce que les hommes qui, les uns de bonne foi, les autres par entraînement et par passion, préfèrent le principe d'autorité au principe de liberté, devraient se dire et se répéter tous les jours.

C'est que, pour notre société, arrachée pour toujours – entendez-le bien – au sol de l'ancien régime, pour notre société passionnément égalitaire et démocratique, pour notre société qu'on ne fera pas renoncer aux conquêtes de 1789, sanctionnées par la Révolution française, il n'y a pas véritablement, il ne peut plus y avoir de stabilité, d'ordre, de prospérité, de légalité, de pouvoir fort et respecté, de lois majestueusement établies, en dehors de ce suffrage universel dont quelques esprits timides ont l'horreur et la terreur, et, sans pouvoir y réussir, cherchent à restreindre l'efficacité souveraine et la force toute puissante. Ceux qui raisonnent et qui agissent ainsi sont des conservateurs aveugles ; mais je les adjure de réfléchir ; je les adjure, à la veille de ce scrutin solennel du 14 octobre 1877, de rentrer en eux-mêmes, et je leur demande si le spectacle de ces cinq mois d'angoisses si noblement supportées, au milieu de l'interruption des affaires, de la crise économique qui sévit sur le pays par suite de l'incertitude et du trouble jetés dans les négociations par l'acte subit du seize mai, je leur demande si le spectacle de ce peuple, calme, tranquille, qui n'attend avec cette patience admirable que parce qu'il sait qu'il y a une échéance fixe pour l'exercice de sa souveraineté, n'est pas la preuve la plus éclatante, la démonstration la plus irréfragable que les crises, même les plus violentes, peuvent se dénouer honorablement, pacifiquement, tranquillement, à la condition de maintenir la souveraineté et l'autorité du suffrage universel. (Profond mouvement.)

Je vous le demande, Messieurs : est-ce que les cinq mois que nous venons de passer auraient pu maintenir l'union, l'ordre, la concorde, l'espérance et la sagesse, laisser à chacun la force d'âme nécessaire pour ne pas céder à la colère, à l'indignation, aux mouvements impétueux de son cœur, si chacun n'avait pas eu la certitude que le 14 octobre il y aurait un juge, et que, lorsque ce juge se serait exprimé, il n'y aurait plus de résistance possible ?... (Vive approbation et bravos prolongés.)

C'est grâce au fonctionnement du suffrage universel, qui permet aux plus humbles, aux plus modestes dans la famille française, de se pénétrer des questions, de s'en enquérir, de les discuter, de devenir véritablement une partie prenante, une partie solidaire dans la société moderne ; c'est parce que ce suffrage fournit l'occasion, une excitation à s'occuper de politique, que tous les conservateurs de la République devraient y tenir comme à un instrument de liberté, de progrès, d'apaisement, de concorde. C'est le suffrage universel qui réunit et qui groupe les forces du peuple tout entier, sans distinction de classes ni de nuances dans les opinions.

 

__________________________

 

http://www.assemblee-nationale.fr/

 

 

 

 

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 23:01

Par Darthé-Payan                                                  Fête des Récompenses (5ème comp.), An CCXIX de la République.

 

 

Je réserve ma présente note à la République qui est proclamée ce 21 septembre 1792.

 

La France révolutionnaire faisait l'Histoire. Le Peuple français faisait l'Histoire ! 

 

 

L'ERE NOUVELLE OUVERTE UN CERTAIN 14 JUILLET 1789 ET POURSUIVIE LE 10 AOUT 1792 DEBOUCHE SUR L'IMPLICATION DU PEUPLE SOUVERAIN ET CITOYEN

 

 

Une nouvelle ère ouverte un certain 14 juillet 1789, allait après l'implication du peuple de Paris, le 10 août 1792, ouvrir un retournement de l'Histoire tant en France qu'en Europe et même dans le Monde. La monarchie suspendue le 10 août 1792, aller en ce 21 septembre 1792 être abrogée et la République fût proclamée par la Convention nationale.

 

 

 

LA VICTOIRE DES ARMEES REVOLUTIONNAIRES A VALMY

 

 

Le 20 septembre 1792 La victoire de l'armée révolutionnaire à Valmy.

 

 

L'armée Prussienne commandée par Brunswick et les Autrichiens ont envahi la Lorraine et pris Verdun. Les Prussiens franchissent l'Argonne mais l'Armée du Général Dumouriez, en passant par un autre défilé, s'installe dans leurs dos. Les renforts de Kellermann, ne permettraient aux armées de la révolution d'être toujours en infériorité numérique. La grande bataille s'engage en dessous de la butte de Valmy que domine un moulin. Après de violents combats ou la canonnade est la règle, les ennemis Prussiens montent à l'assaut. Les Prussiens sont surpris, stupéfiaient par le vaillance des Français parmi lesquels les volontaires souvent fort peu expérimentés font face et combattent au Chant de La Marseillaise et aux cris de Vive la Nation ! Les Prussiens stoppent leur attaque et battent en retraite.

 

L'Armée de la France Révolutionnaire, les vaillants soldats de cette armée patriote feront de la France un pays qui change la face de l'Europe, la face de l'Histoire !

 

 

LE PEUPLE SOUVERAIN PAR SES REPRESENTANTS ABOLIT LA MONARCHIE ET PROCLAME LA REPUBLIQUE : LA FRANCE REVOLUTIONNAIRE FAIT L'HISTOIRE ET L'UNIVERSALITE.

 

 

A Paris, le 21 Septembre 1792, la Convention nationale, toute nouvelle assemblée nationale constituante se réunit à Paris à la Salle du Manège. L'assemblée a glissé à Gauche et les partisans de l'Ancien Régime sont défaits. A droite, les Girondins (Brissotins), à Gauche, les Jacobins avec les plus ardents que l'on appelle les Montagnards; Au milieu la Plaine ou le Marais.

 

En sa première séance La Convention Nationale abolit la Monarchie. La République est proclamée.

 

 

 

Le 22 septembre, la Convention officialise le décret signé notamment par le Premier Président de la Convention Pétion, puis par Brissot, Lasource et contresigné par Danton et Monge. Le document collationné le 22 septembre fait que la Convention proclame la République et fait de ce 22 septembre 1792 le 1er jour la République. Tous les actes et documents seront datés de l'An I de la République.

 

 

 

L’Ancien Régime, la Monarchie, le Roi sont balayés par l'Histoire que fait le peuple insurrectionnel et les représentants élus de ce dernier réuni en Convention nationale. La République - Res publica - la chose publique, cette belle construction politique et humaine qui fera de l'Homme, une personne humaine en perpétuelle émancipation. Bref, la République fera, de la personne humaine émancipée, un citoyen et un souverain. Le citoyen souverain s'intéressera aux principes essentiels de la République qu'est la Liberté, L’Égalité, la Fraternité, l'Universalité.

 

 

 

Danton et Robespierre, quelques jours plus tard, le 25 septembre 1792 ajouteront une nouvelle pierre à l'édifice républicain avec les principes d'Unité et d'Indivisibilité de notre République. La Convention Nationale fera de la France une république une et indivisible. Il ne restait plus grand chose de l'Ancien Régime et de la Monarchie. Que la volonté d'essayer de ralentir ou de dénaturer les choses. 

 

 

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

 

 

PRINCIPES REPUBLICAINS  : LA GAUCHE DEVRAIT  SE LES REAPPROPRIER : HELAS, ELLE PREFERE FAIRE DANS LE LIBERTARISME ET L'EUROPEISME !

 

 

La République c'est le Peuple souverain et citoyen, ces représentants élus, la liberté, l'égalité, la fraternité , l'intérêt général, l'unité et l'indivisibilité de la république et son universalité. Puis plus tard, les principes essentiels de la Laïcité, de la solidarité et de l'Instruction publique comme ceux la grandeur et le rayonnement international et universel seront ajoutés et complèteront cette construction politique émancipatrice qui prend source dans l'idéal des Lumières et de la Révolution.

 

 

Alors, que de nos jours, il est facile de pratiquer les chemins anti républicains et contre révolutionnaires du côté de la droite mais aussi du côté de la gauche. Oui, la gauche qui bien souvent oublie les principes essentiels et fondamentaux de la République pour s'égarer dans l'individualisme des classes moyennes, le communautarisme (religieux, ethnique, etc...), le consumérisme, l'écologie libertarienne, le régionalisme et autre décentralisme qui mettent à mal la République et ses principes émancipateurs.

 

 

Egalement, l'Europe libérale de la concurrence libre et non faussée, l'Europe oligarchique nie à la fois ce qu'est la République, les Etats-Nations, le peuple souverain et citoyen. Voir la gauche se vautrer dans un européisme fédéraste du libre échange, négation des principes républicains et de la réalité des Etats-Nations c'est proprement aberrant et c'est un sacré retournement de l'Histoire. Le dictat de la pensée post soixante huit, le fourtout libertarien et écolo sociétal font que la gauche bien souvent considère la République comme un ennemi ! On croirait voir revenir le temps ou la République était appelée la Gueuse, par la droite monarchiste, anti républicaine, catholique et nationaliste et également par le haut clergé. Oui pour une certaine gauche (gôche), la République c'est la gueuse !

 

Etre pour la République, c'est désormais reconquérir la pleine souveraineté nationale et populaire en rompant avec l'Union Européenne, la BCE et l'euro qui sont les nouvelles monarchies de notre temps et aussi les nouvelles prisons des peuples et les fossoyers des Etats-Nations. La République jusqu'au bout c'est la souveraineté politique nationale et citoyenne sur l'économie, la monnaie et les marchés. C'est aussi reconquérir notre souveraineté sur notre marché intérieur. 

 

C'est le sursaut  républicain de Salut public qui permettra de faire cette alliance de la République sociale et de la souveraineté de l'Etat-Nation. 

 

 

 

Chères Citoyennes, Chers Citoyens, pour terminer ma présente note, je vous fais partager l'un des discours de Jean-Jaurès à propos de la République et du socialisme prononcé à la Chambre des Députés lors de la séance du 21 novembre 1893.

 

Bonne lecture.

 

Vive la République ! Vive la France !

 

Salut et Fraternité.

 

D-P.

 

Document de Darthé-Payan le Jacobin daté et signé du :

 Jour de la  Fête des Récompenses (5ème comp.), An CCXIX de la République. (Calendrier Républicain) ou du 21 septembre 2011 calendrier grégorien.

 

 

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La République et le socialisme : réponse à la déclaration du cabinet Charles Dupuy

Séance du 21 novembre 1893

Présidence de Jean Casimir-Perier

 

 

 

 

 

 

Eu début de législature, Charles Dupuy dont le cabinet a été formé le 4 avril 1893, fait une déclaration sur le programme du gouvernement. Jean  Jaurès interpelle le cabinet sur sa politique générale. Après avoir critiqué le programme du Gouvernement, il  démontre l’impossibilité de combattre le socialisme sans abandonner les principes républicains.

 

M. Jaurès. — Messieurs, M. le président du conseil a été très modeste en dérobant aux méditations et à l’examen minutieux de la Chambre la longue table des matières qui constitue la déclaration ministérielle. Mais mes amis et moi nous ne nous plaignons nullement que la discussion immédiate ait été ordonnée.

Un membre au centre. — Alors, pourquoi avez-vous voté contre ?

M. Jaurès. — Il y a, dès maintenant, deux résultats acquis : le premier, c’est que M. le président du conseil a dû, dès la première journée, peser sur la Chambre pour obtenir un débat écourté et diminué. (Applaudissements à l’extrême gauche. — Réclamations à gauche et au centre.)

Le second, c’est que dès le premier jour aussi, pour former une majorité avec des déclarations qui restent vagues, il a fallu sonner la fanfare contre le parti socialiste ; dès le premier jour, il a fallu remplacer par une tactique et par une diversion, un exposé clair et précis de la politique gouvernementale. (Nouveaux applaudissements à l’extrême gauche.)

Ah ! messieurs, cette tactique ne réussira probablement pas longtemps auprès de la Chambre.

Il est facile de dénoncer comme de mauvais patriotes ceux qui ont une conception très noble du rôle de la France démocratique dans le monde. Mais ce n’est pas par de pareilles déclamations qu’on remplace la précision politique. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)

Il reste vrai, après ces paroles, que la majorité qu’on invite à appuyer le gouvernement a des explications précises à demander. (Très bien ! à gauche.)

M. le président du conseil n’a apporté ici qu’une sorte de programme négatif : Pas de révision, pas de séparation de l’Église et de l’État, pas de grandes réformes fiscales ! Mais ces négations suffiront-elles à constituer une majorité de gouvernement et à alimenter, la vie de la Chambre ? Je ne suppose pas que lorsqu’il a parlé de l’impôt unique, inquisitorial et progressif, il ait eu l’intention d’être particulièrement cruel pour son collègue M. le ministre des finances. (Rires à l’extrême gauche.)

M. Peytral, ministre des finances. — Je n’ai jamais entendu établir ni un impôt unique, ni un impôt inquisitorial, ni un impôt progressif. (Exclamations en sens divers.)

 

M. Jaurès. — Messieurs, M. le ministre des finances va précisément au-devant de ma pensée ; il dit que l’impôt sur le revenu, tel qu’il le comprend, tel qu’il l’a, il y a quelques mois encore, annoncé à la Chambre, n’est ni l’impôt unique, ni l’impôt inquisitorial, ni l’impôt progressif. Il résulte de sa déclaration que le ministère, par cette formule, n’a pas entendu condamner l’impôt sur le revenu.

Je demande donc au gouvernement si sous cette phrase agressive contre certaines formules d’impôt, M. le président du conseil a, oui ou non, prétendu viser l’impôt sur le revenu. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)

Je lui demande en outre s’il croit qu’il satisfera au besoin de réformes qui est dans ce pays en déclarant qu’il faudra songer peut-être à une organisation de caisse de retraite qui, selon lui, si elle est nécessaire, sera particulièrement malaisée ; en sorte que ce qu’on vous annonce surtout comme réformes, c’est l’impossibilité d’aboutir dans les réformes mêmes qu’on indique.

Messieurs, en ce qui nous concerne, nous ne nous arrêterons pas à ces détails. Pour nous, la déclaration ministérielle est parfaitement claire : c’est une déclaration de guerre au parti socialiste. (Mouvements divers.)

Toutes les paroles, toutes les attitudes du gouvernement nous signifient la guerre ; je dirais presque que toutes ses pensées sont tournées contre nous, si peut-être la conscience de quelques-uns des hommes qui sont au pouvoir n’était traversée parfois par certains ressouvenirs. (Exclamations ironiques sur divers bancs à gauche et à l’extrême gauche.) Mais je suis sûr que ceux-là mêmes nous détestent plus encore que nos ennemis de la veille, parce que nous leur sommes l’occasion incessante de douloureux retours sur eux-mêmes. (Applaudissements à l’extrême gauche.)

Donc, c’est contre nous le combat avoué, déclaré, implacable ; et en vérité, on nous fait le grand honneur de calculer par rapport à nous tout le mouvement politique. Aussi je ne viens pas vous demander : Entendez-vous nous seconder, ou nous combattre ? La question est résolue depuis plusieurs mois. Je viens vous demander, monsieur le président du conseil, au nom de quel principe, en vertu de quelle conception maîtresse vous entendez combattre le mouvement socialiste. (Mouvements divers.)

Car pour les hommes politiques, — j’entends pour ceux qui nous combattent, — il y a deux façons de juger le mouvement socialiste qui se développe à l’heure actuelle.

Ou bien vous le considérez comme un mouvement superficiel, factice, passager, qui a été créé par quelques excitations isolées, qui a été développé par l’anarchie générale et par la faiblesse du pouvoir, et qu’un peu de fermeté gouvernementale suffira à contenir ou même à supprimer ; ou bien au contraire vous le considérez comme un mouvement dangereux, funeste, mais spontané et profond, qui sort de l’évolution même des choses et de l’histoire et qui est la résultante de toutes les forces humaines en action. (Applaudissements à l’extrême gauche.)

 

Une voix. — Qu’est-ce que cela veut dire ?

M. Jaurès. — Je demande que le Journal officiel mentionne le nom de celui de nos collègues qui s’écrie : « Qu’est-ce que cela veut dire ? » (Mouvements divers.)

Je dis que même alors, vous pouvez essayer de le combattre, si vous le jugez plus périlleux encore qu’irrésistible ; vous pouvez essayer de barrer la route à l’histoire.

Un membre au centre. — C’est vous qui voulez lui barrer la route !

M. Jaurès. — Vous pouvez essayer d’arrêter la poussée des hommes et des choses. Vous pouvez vous dire qu’après tout il vous sera glorieux d’avoir lutté, que nul n’a pu mesurer encore exactement la force de résistance de certaines volontés humaines, et qu’en tout cas vous aurez peut-être retardé de quelques années l’avènement de la barbarie.

Mais si je vous demande : De ces deux hypothèses quelle est la vôtre ? c’est là non pas une vaine question de philosophie sociale, mais une question politique, parce que selon que vous aurez opté pour l’une ou pour l’autre, votre politique et celle de la majorité que vous voulez entraîner avec vous sera différente.

Si le mouvement socialiste n’est qu’une effervescence passagère, s’il n’est que la fièvre momentanée d’un organisme d’ailleurs résistant et sain, il suffira pour le calmer d’un peu d’hygiène gouvernementale.

On enverra aux préfets de bonnes circulaires pour que tous les fonctionnaires, petits ou grands, donnent contre le socialisme ; on demandera aux procureurs généraux des rapports confidentiels (Rires et applaudissements à l’extrême gauche. — Bruit) ; on consignera les députés socialistes dans leurs circonscriptions, et puisqu’il paraît qu’ils ne sortent plus maintenant qu’avec leurs écharpes, et comme le peuple devenu fétichiste a une sorte de piété pour les emblèmes parlementaires, il ne sera permis de les porter que dans les grandes cérémonies, dans les processions solennelles où la confrérie parlementaire se déroulera tout entière, précédée par les chanoines ministériels. (Nouveaux rires et applaudissements sur les mêmes bancs.)

Au besoin, de-ci, de-là, on administrera quelques coups de lance, on traduira en justice quelques syndicats, et alors, quand il aura été bien démontré au peuple — qui, paraît-il, ne prend pas le socialisme au sérieux, qui joue simplement au socialisme — que c’est un jeu dangereux et une mode surannée, tout sera fini : le prolétariat renoncera à ses vastes groupements, il ne formulera plus ses revendications de classe, il saluera comme une bienfaisante loi de nature la concentration graduelle de la puissance économique en un nombre de mains toujours plus petit ; il saluera dans le salariat une institution définitive, et n’ayant plus rien à adorer, il adorera le capital éternel. (Applaudissements sur les mêmes bancs à gauche et à l’extrême droite de la salle.)

M. Adolphe Turrel. — Après les chanoines, les prédicateurs ! (Bruit.)

M. Jaurès. — Alors, messieurs, avec ce gouvernement sauveur qui aura marché sur le fantôme, qui aura dissipé le cauchemar, vous pourrez vous livrer en toute sécurité, en toute sérénité à la petite besogne quotidienne. Dans la maison capitaliste consolidée, vous pratiquerez quelques petites réparations pour passer le temps.

 

Mais si au contraire le mouvement socialiste est déterminé tout à la fois par la forme de la production dans le monde contemporain et par l’état des sociétés politiques, s’il tient tout ensemble au cœur même des choses et aux entrailles du prolétariat, en engageant la majorité gouvernementale dans la lutte contre lui, vous l’engagez, monsieur le président du conseil, dans le plus rude, dans le plus douloureux et le plus hasardeux des combats. Lorsque vous aurez abattu ou emprisonné, ou bâillonné quelques-uns de ceux que vous appelez les chefs, il en surgira d’autres du peuple même, de la nécessité même, infatigablement. (Applaudissements à l’extrême gauche.)

Lorsque vous aurez dompté le prolétariat sur un point, il se relèvera sur un autre ; quand vous croirez l’avoir dompté partout, il recueillera ses forces pour de nouvelles revendications et de nouvelles affirmations. Vous obtiendrez peut-être un silence momentané, vous n’obtiendrez pas la résignation. (Mouvement.)

Vous n’aurez pas la paix ; vous n’aurez qu’une trêve inquiète et soupçonneuse, et le temps, les années même travailleront contre vous. Car, d’une part, le développement du machinisme et de la grande industrie achèvera de jeter dans le salariat ces petits artisans, cette petite bourgeoisie derrière laquelle vous vous abritez encore, et l’armée ennemie sera grossie de tous les expropriés, de tous les spoliés de l’ordre social actuel.

D’autre part, ayant perdu dans les agitations, dans les répressions systématiques, dans les luttes imprudentes engagées contre un mouvement puissant le meilleur de votre force, il ne vous restera plus ni temps, ni liberté d’esprit, ni énergie pour réaliser même ces réformes partielles qui ne sauveraient pas l’ordre social actuel, mais qui en calmant quelques douleurs et en désarmant quelques colères, vous donneraient au moins un peu de répit. Si bien que la majorité républicaine se trouvera devant une crise tous les jours plus grave, plus grave par le développement même des conditions de la production qui créent le socialisme, plus grave parce que votre esprit d’agression et de résistance aura accumulé les colères et les difficultés. (Applaudissements sur divers bancs à gauche. — Exclamations au centre.)

J’ai donc le droit, monsieur le président du conseil, de vous demander ceci : Je vous prie de dire nettement à la majorité que vous voulez grouper derrière vous si vous espérez avoir raison du mouvement socialiste avec les quelques lois de police que vous annoncez, si vous croyez en avoir raison en quelques escarmouches, ou si la majorité gouvernementale va être obligée de s’armer du bouclier et du glaive pour la plus longue et la plus rude des expéditions à l’intérieur. (Très bien ! sur divers bancs à gauche.)

Ah ! je le sais bien, on essaye et tout à l’heure dans votre déclaration vous avez essayé vous-même d’éluder le problème avec ce mot de « meneurs ».

M. le président du conseil. — Je ne l’ai pas éludé. Je l’ai posé très nettement.

M. Jaurès. — Je dis que vous aussi, après bien d’autres, vous avez essayé d’éluder le jugement d’ensemble qui doit être porté sur la situation actuelle en appelant les anathèmes de la majorité sur ceux que vous appelez les meneurs.

Eh bien ! permettez-moi de vous le dire, il y a là d’abord une lamentable contradiction. Car ces hommes que vous appelez les meneurs, s’ils se sont levés avant le peuple, s’ils se sont je dirai presque levés avant le jour… (Rires et exclamations diverses.)

 

M. Lavy. — Ce n’est pas de l’éloquence ministérielle ! Ces messieurs sont difficiles.

M. Jaurès. — … s’ils ont essayé d’organiser le prolétariat avant qu’il fût une force, s’ils ont annoncé une société nouvelle aux travailleurs encore résignés à la société présente, si pendant longtemps, sans espérer aucune récompense prochaine, ils ont lutté n’ayant avec eux qu’une poignée de militants, affrontant ainsi tout à la fois la colère des gouvernements et l’indifférence plus terrible encore des travailleurs, ils ne sont pas les ambitieux et les intrigants que vous dites. (Oh ! Oh ! à gauche et au centre.) Ils ont été des hommes de croyance, des hommes de foi. Mais si au contraire vous prétendez qu’ils ont attendu, pour l’exploiter, que le mouvement se produisit, c’est donc qu’il s’était produit avant eux. C’est que ce ne sont pas eux les meneurs ; c’est que c’est le peuple lui-même qui les a menés. (Vifs applaudissements à l’extrême gauche.)

En vérité, vous êtes dans un état d’esprit étrange. (Exclamations au centre.) Vous avez voulu faire des lois d’instruction pour le peuple ; vous avez voulu par la presse libre, par l’école, par les réunions libres multiplier pour lui toutes les excitations et tous les éveils. Vous ne supposiez pas, probablement, que dans le prolétariat tous au même degré fussent animés par ce mouvement d’émancipation intellectuelle que vous vouliez produire. Il était inévitable que quelques individualités plus énergiques vibrassent d’une vibration plus forte. Et parce que ces individualités, au lieu de se séparer du peuple, restent avec lui et en lui pour lutter avec lui, parce qu’au lieu d’aller mendier je ne sais quelles misérables complaisances auprès du capital soupçonneux, ces hommes restent dans le peuple pour préparer l’émancipation générale de la classe dont ils sont, vous croyez les flétrir et vous voulez les traquer par l’artifice de vos lois !

Savez-vous où sont les meneurs, où sont les excitateurs ? Ils ne sont ni parmi ces ouvriers qui organisent les syndicats que vous voulez sournoisement dissoudre, ni parmi les théoriciens, ni parmi les propagandistes de socialisme ; non, les principaux meneurs, les principaux excitateurs, ils sont d’abord parmi les capitalistes eux-mêmes, mais ils sont dans la majorité gouvernementale elle-même. (Applaudissements à l’extrême gauche. — Protestations au centre.)

Ah ! messieurs, c’est un singulier aveuglement que le vôtre, d’attribuer à quelques hommes l’évolution universelle qui se produit. N’êtes-vous pas frappés par l’universalité du mouvement socialiste ? Partout, dans tous les pays du monde, il éclate à la même heure. Vous ne pouvez depuis dix ans faire l’histoire de la Belgique, de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Autriche, sans faire l’histoire du parti socialiste. Il en est de même des États-Unis, de l’Australie, et même de cette Angleterre qui était, selon vous, le refuge de l’individualisme ; voilà que les trade-unions entrent dans le mouvement socialiste ; voilà qu’elles renoncent à faire simplement une agitation professionnelle, voilà qu’elles entrent dans l’action politique ; elles ne s’enferment plus dans leur île, elles prennent part à tous les congrès internationaux ; elles ne veulent plus simplement constituer une aristocratie ouvrière, se créer dans l’ordre capitaliste des avantages particuliers ; elles s’ouvrent à tous les métiers, aux plus misérables, à ceux qu’on appelait disqualifiés : c’est l’idée socialiste qui s’affirme dans ce pays prétendu individualiste. Ce sont les formules mêmes du socialisme qui ont été récemment promulguées par le congrès des trade-unions de Belfast, et sous la pression de l’idée socialiste en Angleterre, on voit le gouvernement libéral obligé de proposer des lois sociales ; on le voit intervenir dans les conflits entre le capital et le travail, non pas, comme les ministres de la République française, pour écraser les travailleurs (Applaudissements sur divers bancs à l’extrémité gauche et à l’extrémité droite de la salle), mais pour amener une trêve honorable qui calme, au moins momentanément, la fermentation des haines.

Et c’est devant ce mouvement universel qui entraîne à la fois les peuples les plus divers, quels que soient le climat, le régime politique et la race, que vous venez parler de quelques excitations isolées ! Mais vous faites trop d’honneur, monsieur le président du conseil, à ceux que vous accusez ; vous donnez trop de puissance à ceux que vous appelez les meneurs. Il ne dépend pas d’eux de déchaîner un mouvement aussi vaste, et il ne suffit pas du souffle débile de quelques bouches humaines pour soulever cette houle du prolétariat universel. (Applaudissements sur les mêmes bancs.)

Non, messieurs, la vérité, c’est que ce mouvement sort des profondeurs mêmes des choses ; c’est qu’il sort d’innombrables souffrances qui jusqu’ici ne s’étaient point concertées, mais qui ont trouvé dans une formule libératrice leur point de ralliement. La vérité, c’est qu’en France même, dans notre France républicaine, le mouvement socialiste est sorti tout à la fois de la République, que vous avez fondée, et du régime économique qui se développe dans ce pays depuis un demi-siècle.

Vous avez fait la République, et c’est votre honneur ; vous l’avez faite inattaquable, vous l’avez faite indestructible, mais par là vous avez institué entre l’ordre politique et l’ordre économique dans notre pays une intolérable contradiction.

M. René Goblet. — Très bien !

M. Jaurès. — Dans l’ordre politique, la nation est souveraine et elle a brisé toutes les oligarchies du passé ; dans l’ordre économique la nation est soumise à beaucoup de ces oligarchies ; et entre parenthèses, monsieur le président du conseil, il ne suffisait pas de dire à la Chambre, ce qu’elle sait amplement sans vous, que la question de la Banque de France posera devant elle ; il fallait lui dire de quelle façon le gouvernement entendait qu’elle fût résolue. (Applaudissements à l’extrémité gauche et à l’extrémité droite de la salle.)

Oui, par le suffrage universel, par la souveraineté nationale, qui trouve son expression définitive et logique dans la République, vous avez fait de tous les citoyens, y compris les salariés, une assemblée de rois. C’est d’eux, c’est de leur volonté souveraine qu’émanent les lois et le gouvernement ; ils révoquent, ils changent leurs mandataires, les législateurs et les ministres ; mais au moment même où le salarié est souverain dans l’ordre politique, il est dans l’ordre économique réduit à une sorte de servage.

Oui ! au moment où il peut chasser les ministres du pouvoir il est, lui, sans garantie aucune et sans lendemain, chassé de l’atelier. Son travail n’est plus qu’une marchandise que les détenteurs du capital acceptent ou refusent à leur gré.

Il peut être chassé de l’atelier, il ne collabore pas aux règlements d’atelier qui deviennent tous les jours plus sévères et plus captieux, et qui sont faits sans lui et contre lui.

Il est la proie de tous les hasards, de toutes les servitudes, et à tout moment, ce roi de l’ordre politique peut être jeté dans la rue ; à tout moment, s’il veut exercer son droit légal de coalition pour défendre son salaire, il peut se voir refuser tout travail, tout salaire, toute existence par la coalition des grandes compagnies minières. Et tandis que les travailleurs n’ont plus à payer, dans l’ordre politique, une liste civile de quelques millions aux souverains que vous avez détrônés, ils sont obligés de prélever sur leur travail une liste civile de plusieurs milliards pour rémunérer les oligarchies oisives qui sont les souveraines du travail national. (Applaudissements répétés sur plusieurs bancs à l’extrémité gauche et à l’extrémité droite de la salle.)

Et c’est parce que le socialisme apparaît comme seul capable de résoudre cette contradiction fondamentale de la société présente, c’est parce que le socialisme proclame que la République politique doit aboutir à la République sociale, c’est parce qu’il veut que la République soit affirmée dans l’atelier comme elle est affirmée ici ; c’est parce qu’il veut que la nation soit souveraine dans l’ordre économique pour briser les privilèges du capitalisme oisif, comme elle est souveraine dans l’ordre politique, c’est pour cela que le socialisme sort du mouvement républicain. C’est la République qui est le grand excitateur, c’est la République qui est le grand meneur : traduisez-la donc devant vos gendarmes ! (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)

 

Et puis, vous avez fait des lois d’instruction. Dès lors, comment voulez-vous qu’à l’émancipation politique ne vienne pas s’ajouter, pour les travailleurs, l’émancipation sociale quand vous avez décrété et préparé vous-mêmes leur émancipation intellectuelle ? Car vous n’avez pas voulu seulement que l’instruction fût universelle et obligatoire : vous avez voulu aussi qu’elle fût laïque, et vous avez bien fait. (Marques d’assentiment sur divers bancs. — Bruit au centre.)

M. Adolphe Turrel. — M. l’abbé Lemire ne vous applaudit pas au mot « laïque », tandis qu’il vous applaudissait tout à l’heure. (Bruit.)

M. Louis Jourdan. — Dans tous les cas, il donne un exemple qui n’est malheureusement pas assez suivi. Il faudrait en voir beaucoup comme lui. (Bruit.)

 

M. Jaurès. — Vous n’avez pas, comme vous en accusent souvent des adversaires passionnés, ruiné les croyances chrétiennes, et ce n’était pas votre objet. Vous vous proposiez simplement d’instituer dans vos écoles une éducation rationnelle. Ce n’est pas vous qui avez ruiné les croyances d’autrefois ; elles ont été minées bien avant vous, bien avant nous, par les développements de la critique, par la conception positive et naturaliste du monde, par la connaissance, et la pratique d’autres civilisations, d’autres religions, dans l’horizon humain élargi. Ce n’est pas vous qui avez rompu les liens vivants du christianisme et de la conscience moderne ; ils étaient rompus avant vous. Mais ce que vous avez fait, en décrétant l’instruction purement rationnelle, ce que vous avez proclamé, c’est que la seule raison suffisait à tous les hommes pour la conduite de la vie. (Applaudissements sur plusieurs bancs à l’extrémité gauche et à l’extrémité droite de la salle.)

M. Lemire. — Très bien ! très bien !

M. Fernand de Ramel. — Vous oubliez, monsieur Jaurès, qu’en décrétant l’instruction laïque, vous avez violé la liberté dont vous parliez tout à l’heure !

M. Jaurès. — Par là même, vous avez mis en harmonie l’éducation populaire avec les résultats de la pensée moderne ; vous avez définitivement arraché le peuple à la tutelle de l’Église et du dogme ; vous avez rompu non pas ces liens vivants dont je parlais tout à l’heure, mais les liens de passivité, d’habitude, de tradition et de routine qui subsistaient encore.

Mais qu’avez-vous fait par là ? Ah ! je le sais bien, ce n’était qu’une habitude et non pas une croyance qui survivait encore en un grand nombre d’esprits ; mais cette habitude était, pour quelques-uns tout au moins, un calmant et un consolant. Eh bien ! vous, vous avez interrompu la vieille chanson qui berçait la misère humaine… (Applaudissements sur les mêmes bancs) et la misère humaine s’est réveillée avec des cris, elle s’est dressée devant vous, et elle réclame aujourd’hui sa place, sa large place au soleil du monde naturel, le seul que vous n’ayez point pâli.

De même que la terre perd, par le rayonnement nocturne, une partie de la chaleur que le jour y a accumulée, une part de l’énergie populaire se dissipait par le rayonnement religieux dans le vide sans fond de l’espace.

Or, vous avez arrêté ce rayonnement religieux, et vous avez ainsi concentré dans les revendications immédiates, dans les revendications sociales tout le feu de la pensée, toute l’ardeur du désir ; c’est vous qui avez élevé la température révolutionnaire du prolétariat et si vous vous épouvantez aujourd’hui, c’est devant votre œuvre ! (Applaudissements à l’extrême gauche et à droite.)

M. Fernand de Ramel. — L’esprit religieux a fait plus à lui seul, que tout ce que vous voulez faire.

M. Jaurès. — Et de même, quand vous avez fondé les syndicats ouvriers, qu’avez-vous prétendu faire ?

L’autre jour, un homme politique considérable — qui rappelait qu’il a été lui-même collaborateur de Gambetta et de Ferry, et qui viendra dire peut-être à cette tribune s’il a trouvé en effet dans votre déclaration cet écho de sa propre parole qu’il s’attendait à y percevoir — disait que les syndicats ouvriers avaient été détournés de leur véritable destination.

Plusieurs membres au centre et à droite. — C’est très vrai !

M. Jaurès. — Qu’est-ce que cela signifie pour un esprit aussi positif et aussi clair, que le sien ? Est-ce que vous vous imaginiez, lorsque vous avez fait la loi sur les syndicats ouvriers, qu’ils seraient simplement ou une société de secours mutuels ou je ne sais quelle ébauche de société coopérative de consommation ? Non, toutes ces institutions d’assistance et autres existaient à côté et en dehors des syndicats ouvriers, avant eux. En instituant les syndicats ouvriers, vous ne pouviez faire qu’une chose : donner, aux travailleurs, dispersés jusque-là, le sentiment d’une force plus grande, par leur réunion et par leur cohésion… (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)

M. Maurice-Faure. — M. Waldeck-Rousseau l’a dit.

M. Jaurès. — … et lorsqu’ils auraient des revendications à produire, soit sur la durée de travail, soit sur les salaires, et qu’ils s’adresseraient au patronat, et que le patronat ne les écouterait pas, donner plus de cohésion et d’ensemble au mouvement de coalition par lequel les travailleurs pouvaient espérer la victoire. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche. — Bruit.)

Si vous n’avez pas voulu cela, je ne sais pas ce que vous avez voulu.

M. Félix Faure. — Nous avons fait une loi de liberté, et non pas une loi d’oppression et de tyrannie. (Très bien ! très bien ! au centre.)

M. Jaurès. — Et maintenant, parce que les travailleurs trouvent en effet dans ces syndicats le sentiment d’une force nouvelle, qui leur permet d’espérer la réalisation de la pleine justice sociale, vous vous effrayez, encore une fois, devant votre œuvre.

Et c’est chose étrange comme vous méconnaissez la situation présente. Je n’en veux d’autre témoignage que le langage de ce magistrat qui vous écrivait récemment, et qui assurément n’imaginait pas vous déplaire en disant : « Les syndicats sortent de leur rôle, ils deviennent une sorte d’école, d’instrument de propagande socialiste. »

Messieurs, il n’y a que deux moyens pour les travailleurs d’obtenir l’amélioration de leur sort : ou bien des améliorations partielles, immédiates, précaires, par les coalitions, que vous appelez des grèves ; ou bien une amélioration durable, définitive, normale, par la conquête des pouvoirs politiques pour réaliser l’idée socialiste.

Et vous ne vous apercevez pas, lorsque vous faites un grief aux syndicats de se pénétrer de l’esprit socialiste et de sortir de la simple agitation professionnelle pour s’élever à une conception politique générale et supérieure, que c’est vous qui les acculez à la grève comme au seul moyen d’action, alors que le socialisme leur offre dans la conquête des pouvoirs politiques un moyen d’action plus efficace et beaucoup plus étendu. (Applaudissements à l’extrême gauche. — Exclamations et bruit au centre.)

Ainsi il se trouve, messieurs, que le mouvement socialiste est sorti tout à la fois de l’institution républicaine, de l’éducation laïque que vous avez décrétée, et des lois syndicales que vous avez faites ; et en même temps il résulte de plus en plus des conditions économiques qui se développent dans ce pays-ci depuis cinquante ans.

Il vous suffit de jeter un coup d’œil rapide sur la marche de la production dans notre pays, pour constater que dans l’ordre industriel, peu à peu la grande industrie, l’industrie anonyme, servie par les puissants capitaux et par les puissantes machines, se substitue de plus en plus au petit et au moyen patronat, et qu’ainsi l’abîme s’élargit et se creuse de plus en plus entre ceux, de plus en plus rares, qui détiennent les grands moyens de production, et ceux, de plus en plus nombreux, qui ne sont que des salariés, livrés à toutes les incertitudes de la vie.

Voulez-vous, par un simple chiffre, l’indication de ce mouvement rapide, qui travaille pour nous en détruisant cette union de la propriété et du travail qui avait permis à la société actuelle de durer ?

En 1871, la force des machines fixes employées dans l’industrie s’élevait à 315 000 chevaux-vapeur ; et en 1887, seize années après seulement, elle s’élevait, d’après vos statistiques, à 748 000 chevaux-vapeur. Elle avait plus, que doublé. (Rumeurs sur divers bancs.)

Eh ! messieurs, est-ce que vous vous imaginez — je crois surprendre dans des rumeurs indistinctes une objection qu’on nous adresse très souvent — est-ce que vous vous imaginez que nous sommes assez ineptes, assez barbares pour prétendre que c’est là un mal ? Mais non ! nous saluons au contraire dans la machine la grande libératrice qui permettra d’alléger un jour l’humanité du fardeau du travail servile qui pèse sur elle, (Applaudissements sur plusieurs bancs aux extrémités de la salle.) Seulement, ce que nous constatons, c’est que ce développement prodigieux du machinisme, qui en lui-même est un bien, a dans le régime spécial de la production qui s’appelle le régime capitaliste, cet effet saisissant que de plus en plus la puissance économique appartient à un nombre plus restreint de producteurs, qu’il devient de plus en plus impossible au simple salarié, à celui qui n’a que ses bras, d’arriver à l’autonomie, à la propriété ; que le régime actuel est la lente et cruelle expropriation de ceux qui n’ont pas les grands capitaux, et qu’il prépare cette concentration souveraine du capital que nous voulons réaliser, nous, pour restituer à tous les travailleurs, dans la propriété nationale, leur part des instruments de travail. (Applaudissements à l’extrême gauche.)

Et puis, au point de vue agricole, il est un autre fait qui doit vous frapper : c’est que la légende s’évanouit de plus en plus du paysan propriétaire de la terre de France. Je vous rappelle à vos statistiques gouvernementales. La statistique de 1882, signée par l’homme éminent qui dirige le service de l’agriculture, par M. Tisserand, constate en effet que la petite propriété paysanne est une légende. (Protestations au centre.)

Un membre. — C’est absolument inexact !

M. Riotteau. — Dans quel pays vivez-vous ?

M. Paul Doumer. — C’est indéniable : il n’y a qu’à consulter les statistiques !

M. Jaurès. — Messieurs, voici ce que dit textuellement M. Tisserand :

« En résumé, les moyens et grands cultivateurs détiennent ensemble les trois quarts du territoire agricole, tandis que les millions de nos paysans en ont à peine le quart. » (Mouvements divers.)

Voilà la constatation faite par vos statistiques. J’oubliais de compter les statistiques ministérielles parmi les forces qui concourent au développement du socialisme ! (On rit.)

Donc, le même mouvement va se produire parmi les paysans, parce qu’ils n’ont pas en effet la propriété, parce que parmi les 7 millions de travailleurs ruraux qui sont disséminés sur notre sol, il y en a à peine 1 500 000 qui travaillent une terre à eux appartenant — et encore ces petits propriétaires paysans sont-ils accablés et par l’impôt, et par l’usure, et par l’hypothèque. Et à côté d’eux, il y a 800 000 fermiers pour lesquels vous n’avez rien fait, il y a 400 000 métayers, 2 millions d’ouvriers de ferme, 2 millions de journaliers, un énorme prolétariat rural qui ne peut plus arriver à la propriété, qui est ruiné par le fisc et par la spéculation cosmopolite que vous n’avez pas su empêcher. (Vifs applaudissements sur plusieurs bancs aux extrémités de la salle. — Bruit au centre.)

En sorte que bien loin que vous puissiez trouver dans la démocratie rurale un point d’appui contre la démocratie ouvrière, nous, nous irons puiser dans cet immense réservoir des souffrances paysannes de quoi compléter la force ouvrière en vue de la conquête du pouvoir politique et de l’expropriation économique et politique de là haute bourgeoisie capitaliste qui exploite le paysan comme l’ouvrier. (Applaudissements sur les mêmes bancs.)

C’est parce que vous sentez vous-mêmes que le mouvement socialiste sort de toutes nos institutions, que vous êtes acculés aujourd’hui, pour le combattre, à une œuvre rétrograde.

Le socialisme sortait de la République ; vous ne pouvez détruire la République, mais vous y introduisez ses ennemis d’hier en gouvernants et en maîtres, pour en chasser plus, sûrement les militants qui l’ont faite et qui ont versé leur sang pour elle. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs. — Exclamations au centre.)

Vous ne pouvez pas détruire ouvertement, officiellement votre œuvre de laïcité, mais vous mettez votre République sous le patronage de la papauté… Oui, c’est la politique de Léon XIII qui vous dirige. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)

C’est au Vatican que vous prenez, ou que votre politique prend son mot d’ordre, et ne pouvant, détruire les lois de laïcité, vous y introduirez le plus possible d’esprit clérical.

De même, vous n’oserez peut-être pas détruire ouvertement les syndicats ouvriers ; mais avec ces magistrats qui vous écrivent que les questions de cet ordre sont beaucoup plus politiques que judiciaires et qui se déclarent prêts cependant à appliquer la jurisprudence politique, vous trouverez bien assez le moyen, sans changer les lois, de supprimer en fait la liberté des syndicats ouvriers et de faire une loi de servitude de ce qui a été une loi d’émancipation, Et je suis en droit de conclure que le socialisme est à ce point un mouvement profond et nécessaire, qu’il sort si évidemment, si puissamment de toutes les institutions républicaines, laïques, démocratiques, que pour combattre le socialisme, vous allez être condamnés dans tous les ordres, dans l’ordre politique, dans l’ordre fiscal et dans l’ordre syndical, à une œuvre de réaction.

Eh bien ! faites-la, essayez-la ! Et pendant que vous userez ce qui peut vous rester de force et de prestige à lutter contre le peuple en marche, dans les intervalles que nous laisseront vos persécutions impuissantes (Rumeurs au centre), nous apporterons les projets de réforme que vous n’avez pas apportés ; et puisque vous désertez la politique républicaine, c’est nous, socialistes, qui la ferons ici. (Applaudissements à l’extrême gauche.)

Je dépose, comme sanction de cette interpellation, l’ordre du jour suivant

« La Chambre, convaincue que nul gouvernement ne peut combattre le socialisme sans déserter les principes républicains (Sourires ironiques au centre), et condamnant énergiquement la politique rétrograde et provocatrice du ministère, passe à l’ordre du jour (Applaudissements répétés à l’extrémité gauche et à l’extrémité droite de la salle :)

 

http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/jaures/discours/republique-et-socialisme_2111893.asp

 

 

Jean Jaurès

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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 13:52

 

Par Darthé-Payan

 

   

J'ai décidé d'aborder, en ce 4 septembre, la question du retour de la République.

 

La république fut de nouveau proclamée le 04 septembre 1870.

 

 

 

 

De la déclaration de guerre au désastre de Sedan.

 

 

Quelques semaines auparavant, la France a déclaré la guerre le 19 juillet à la Prusse soutenue par les États Indépendants du Sud de l'Allemagne. La France a une armée beaucoup moins puissante et inférieure tant en nombre qu'en armement.

 

Les défaites se succèdent et au mois d'Août l'Alsace et la Lorraine sont perdues et aux mains des ennemis. 150 000 hommes sont assiégés dans la ville de Metz. Une armée de secours qui est commandée par Mac Mahon et l'Empereur Napoléon III lui même est bloquée à Sedan.

 

Dans l'humiliation et la soumission elle doit capituler, rendre les armes le 2 septembre ou quelques 100 000 soldats de l'Armée impériale sont faits prisonniers et l'Empereur de même. C'est un désastre militaire, c'est aussi un désastre politique, c'est un désastre pour la France, sa puissance, sa grandeur, son armée.

 

Dans Paris, où bruissent toutes les rumeurs sa la guerre, le monde politique, le Corps législatif et le peuple de Paris apprend la nouvelle le lendemain.

 

Le Corps législatif, vote l'abdication de Napoléon III. Ce dernier s'exile en Angleterre où il mourra quelques mois après en janvier 1873.

 

Ce 4 septembre est instauré un gouvernement dit de "Défense nationale" confié au Général Trochu qui exerce le commandement militaire de Paris. Mais un homme prend l'initiative de proposer le rétablissement de la République. Cet homme c'est Gambetta. Le parlement le suit est ce 4 septembre 1870 est proclamée la République.

 

 

Du retour de la République à la naissance de la Troisième République.

 

 

La Troisième République nait dans la douleur et aussi dans la durée.

 

La France qui a capitulé sans gloire à Sedan renouvelle la chose le 27 octobre 1870. La Capitale est encerclée sous le feu et le siège de l'ennemi Prussien. La France, malgré les efforts de Gambetta qui qui lève trois armées nouvelles - échoue et un armistice est signé le28 janvier 1871.

 

 

Adolphe Thiers est choisi pour être le Chef du Pouvoir exécutif de la République. Quelques semaines après le peuple citoyen et souverain de Paris se soulève et proclame la commune insurrectionnelle. Cette commune insurrectionnelle rappelait curieusement la commune insurrectionnelle du 10 Août 1792.

 

En quelques jours, cette émanation du peuple citoyen et souverain, épris de liberté, de république, de patriotisme et de justice votera la séparation de l'église et de l'état, l'interdiction du travail de nuit, l'instruction pour tous, la suppression des retenues sur salaire, etc...

 

C'est l'esprit révolutionnaire et républicain comme en 1792 qui reprenait vie et corps. La Présidence Thiers et la république balbutiante ne voulait en aucun cas que 1792 se reproduise et que le peuple citoyen redevienne souverain, acteur de son destin et du destin de sa patrie.

 

Thiers fera donner la troupe. Un massacre, une boucherie ! Plus 30 000 citoyens furent victimes et près de 10 000 furent déportés dans des camps notamment en Nouvelle Calédonie.

 

Oui, la nouvelle république naissait dans la douleur, dans l'horreur, dans la tuerie. Mais cette république avançait, s'enracinait, s'affermissait, s'humanisait, devenait républicaine.

 

 

Les deux "Jules" qui font la République émancipatrice et universelle.

 

 

Il y a discussion, controverse sur la date exacte de la naissance de la IIIème République.

 

Pour la naissance de cette IIIème république, il est difficile de dater avec une exactitude le début juridique et officiel de la IIIème république.

 

On peut en situer Trois :

 

Le 4 septembre 1870 avec la déchéance de l'Empire et la proclamation de la République par le Corps Législatif - à l'initiative de Gambetta ;

 

le 18 février 1871 lors de nomination de Thiers à la Présidence de la République ;

 

le 16 juillet 1875 où le parlement fini de voter les dernières lois constitutionnelles et notamment l'amendement Wallon voté le 30 janvier 1875 (qui propose que le Président de la République est élu par le parlement constitué par le Sénat et la Chambre des Députés. Le vote final des textes - lois constitutionnelles et amendements - a eu lieu le 16 juillet de la même année. La IIIème république est officiellement créée par la constitution de 1875 et durera jusqu'au 10 Juillet 1940.

 

 


 

 

Il faudra attendre l'élection du Président Jules GREVY en 1879 et du Cabinet de Jules Ferry pour que la république soit durablement installée et se fasse humaniste, émancipatrice, sociale et universaliste.

 

Jules Ferry, ce grand républicain de gauche, laïque, franc maçon, œuvrera avec le Président Grévy pour les valeurs émancipatrices de la république et pour que le peuple citoyen vive mieux. Ils feront en sorte que la France redevienne une grande puissance universaliste, conquérante et rayonnante à travers les terres, les mers et les continents.

 

La IIIème République sera majestueuse d'audace républicaine. Grâce au mandat de Grévy et au Ministère Ferry puis au Cabinet Ferry, la France se dotera de législations sociales, civiques et laïques sans précédent depuis la grande Révolution Française de 1789-1793. Les idées et l'idéal républicain des Jacobins robespierristes revenaient au grand jour et aller façonner de nouveau et pour longtemps notre pays. Tour à tour, sous Jules Grévy et Jules Ferry furent votées les lois laïques, l'école publique laïque gratuite et obligatoire pour les garçons et les filles, l'amnistie des membres du gouvernement de la Commune insurrectionnelle de Paris, puis le 14 juillet jour de fête nationale, puis fera de la Marseillaise l'hymne national de la République française.

 

La mandature de Jules Grévy aussi proclamera les principes révolutionnaires sur l'organisation des communes ( loi 1884), la loi sur la liberté de la presse (1881), la loi sur la constitution de syndicats, la loi sur le divorce etc...

 

Jules Grévy, républicain de gauche, catholique pratiquant mais laïque et grand homme d'état et Jules Ferry, républicain de gauche, laïque, franc maçon auront batti avec le parlement la France moderne, la France républicaine, fidèle à l'idéal révolutionnaire de 1789-1793, fidèle à l'idéal des Jacobins et des républicains de 1848, fidèle à l'esprit des Lumières qui œuvrera pour l'émancipation de son peuple citoyen et pour l'universalité de son message.

 

La IIIème République qui donnera à la France, des grands républicains comme Grévy, Ferry, Gambetta, Valdeck-Rousseeau,, Combes, Aristide Briand, Clémenceau, Jaurès, Blum, Léo-Lagrange, Salengro, Max d'Ormoy, Jean Moulin et encore tant et tant d'autres durant les 65 années qu'elle exista.

 

 

 

Jean Jaurès, le grand républicain socialiste, humaniste et universaliste était un grand défenseur et promoteur de cette république qui faisait faire à la France le saut faire l'humanité et l'émancipation des citoyens. Jaurès saura dépasser la république institutionnelle et politique pour la faire aboutir sociale. C'est cela son socialisme !

 

 

La IIIème République ou la République de l'émancipation universelle. La Gauche devrait s'en souvenir !

 

 

Oui la Troisième république naquit dans le déshonneur de la défaite et la douleur du massacre de la Commune de Paris, elle connaitra des heures tragiques notamment la Grande guerre 1914-1918 et se terminera dans le déshonneur en s'offrant au Maréchal Pétain et la honte en se soumettant à l'ennemi nazi le 10 juillet 1940.

 

Outre les grands acquis de la mandature Grévy que j'énonçais plus haut, la troisième république apportera au citoyen, au travailleur, des droits et des libertés. La loi sur la liberté syndicale, sur la création de partis politiques, sur la loi de 1901 permettant la création d'association, la loi de séparation de l'église et de l'État en 1905,la loi sur la journée de huit heures, l'impôt sur le revenu, les assurances sociales, les congés payés, l'instruction et l'éducation pour tous, les auberges de jeunesse, les conventions collectives, les nationalisations, etc....La IIIème république fut émancipatrice - y compris dans ces colonies - n'en déplaise à certains gauchistes ou autres libertariens bien pensants préférant le discours victimaire des communautés. La France était belle, puissante, émancipatrice et universaliste parce que puissamment républicaine.

 

 

 

  

Il est grand temps que la gauche en général et à la gauche républicaine en particulier et notamment le Parti de Gauche de se ressaisir de ces moments de l'histoire qui fait que notre pays, notre patrie est celle des droits de l'Homme et du Citoyen, celle de la laïcité, celle de l'émancipation du citoyen souverain dans la fidélité à l'esprit des Lumières et de l'idéal de 1789-1793.

 

La Gauche radicale qui débecte la République devrait relire un peu des bouquins d'Histoire et se réapproprier la République. Voir la IIIème république que du côté des ruptures, des fractures, des drames, des affaires ou des échecs ne sert ni la république, ni la gauche, ni le peuple citoyen. Voir la IIIème république que du côté de la colonisation est aussi absurde que de voir la Vème République que du côté de la brutalité et l'absurdité de la politique de Sarkozy.

 

Oui en proclamant la république Gambetta et le Corps législatif faisaient à la fois le rétablissement de la France Républicaine, fille des Lumières et de la Révolution émancipatrice du peuple et le rétablissement de son universalité.

 

 

Salut et Fraternité.

 

D-P.

 

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9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 23:00

Par Darthé-Payan le Jacobin

 

 

 Bref rappel de la journée révolutionnaire du 10 août 1792 qui est la prise du Palais des Tuileries par le peuple sectionnaire, des sans culottes de Paris aidés par les Fédérés de Marseille et de Brest. Il s'en suivra la création de la Commune insurrectionnelle de Paris.

 

 

 

 L'Assemblée Législative sous la pression du peuple souverain et citoyen suspendra le roi et convoquera une Assemblée constitutionnelle qui prendra le nom de Convention nationale. La monarchie ne survivra pas au 10 août et le peuple souverain et citoyen élira la nouvelle Assemblée qui abolira le 21 septembre la Monarchie et le 22 septembre proclamera la République.

 

 

 

 Ce que cette journée du 10 août peut nous enseigner, à nous républicains, socialistes et jacobins, c'est le peuple citoyen est toujours souverain et c'est lui qui a le dernier mot. Le Roi, les différents cabinets notamment Feuillants ne le comprendront qu'à leurs dépens. Le peuple citoyen de France est directement menacé par le Manifeste de Coblence signé par Brunswick le 25 juillet. Ce manifeste signé par le Commandant des Forces Austro-Prussiennes menace le peuple citoyen et souverain de Paris d'une « vengeance exemplaire et à jamais mémorable en livrant la ville à une exécution militaire et à une subversion totale ».

 

 

 

 Le peuple citoyen affirme en cette journée du 10 aout 1792, sa pleine souveraineté politique et en insurrection pour obtenir que ce pouvoir souverain soit pleinement exercé et respecté. La Monarchie tombera faute de ne pas l'avoir compris. Ce peuple citoyen et souverain en insurrection fera l'Histoire et changera le cours de l'Histoire trois ans à peine après avoir fait une première fois l'Histoire en s'appropriant ce pouvoir d'insurrection, il permettra par la proclamation de l'Assemblée nationale constitutionnelle de rentrer dans le jeu. La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, fera du peuple l'acteur essentiel de la Révolution en marche. Le Peuple faisait l'Histoire !

 

Cette commune insurrectionnelle permettra à la France de déboucher sur la République, de faire de l'Homme un citoyen et souverain libre, frère et égaux en droits.

 

Vive la Révolution ! Vive la Commune Insurrectionnelle de Paris !

 

 Vive la République ! Vive la France !

 

Salut et Fraternité.

 

D-P.

 

 

__________________________________________________________

  

 

 

 

Le 10 AOUT 1792 vu par ROBESPIERRE

 

 

« Le toscin avait sonné ; les citoyens de toutes les sections s'étaient armés et réunis : les gardes nationales, tout le peuple, la gendarmerie nationale, les fédérés de tout les départements restés à Paris, tous avaient un seul sentiment, un seul but. On distinguait parmi eux l'immortel bataillon de Marseille, célèbre par ses victoires remportés sur les tyrans du midi. Cette armé, également imposante par le nombre, par la diversité des armes , surtout par le sentiment sublime de la liberté qui respirait sur tous les visages, présentaient un spectacle qu'aucune langue ne peut rendre (...). Elle se portait sur le Château des Tuileries où était le foyer de la conspiration tramée contre la sureté de Paris, et une armée de contre -révolutionnaires et de Suisses rassemblés depuis longtemps pour l'éxécution. » (Robespierre, numéro 12 du Défenseur de la Constitution).

 

 

Pour finir je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager un court extrait du discours de Robespierre à la Convention le 05 novembre 1792

 

« Citoyens vouliez-vous une révolution sans révolution ? Mais quel est cet esprit de persécution qui est venu réviser, pour ainsi dire,celle qui a brisé nos fers ? Mais comment peut-on soumette à un jugement certain les effets que peuvent entraîner ces grandes commotions ? Qui peut marquer, aprés coup, le point précis où doivent se briser les flots de l'insurrection populaire ? A ce prix, quel peuple pourrait jamais secouer le joug de la tyrannie ? (...) Non, nous n'avons point failli, j'en jure par le trône renversé, et par la République qui s'élève. »

 

 

 

 

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 20:12

 Par Darthé-Payan

 

 

Après Félix-Aymé Pyat et Jean Miot, je vous propose Charles Delescluze pour troisième et dernier volet du tryptique consacré aux Jacobins qui administrèrent la Commune de Paris en 1871.

 

 

Louis Charles Delescluze naquit le 02 octobre 1809 à Dreux.Il effectue des Études de Droit à Paris. Peu après, il devient Clerc d'avoué mais très vite il se consacre au journalisme. Il développe très tôt des idées démocratiques, patriotiques et républicaines. S'orientant de plus en plus vers l'idéal révolutionnaire, devenant jacobin, il participe aux soubresauts de la monarchie finissante et joue un rôle éminent dans la révolution de Juillet «  Les Trois Glorieuses » en 1830. Membres de plusieurs sociétés républicaines et secrètes telle que la Charbonnerie. Il est poursuivi pour un complot républicain contre la monarchie et doit en 1836, partir se réfugier en Belgique. Durant son exil, il participe à la vie intellectuelle et politique et soutient ses confrères journalistes républicains.

 

 

Delescluze revient en France en 1840, il élit domicile dans le nord de la France à Valenciennes. Il anime et dirige un journal républicain « l'Imparfait » aux idées clairement démocratiques. Ces articles déchaînent les passions et lui attirent les foudres du pouvoir. Il est condamné à un mois de prison ferme et à 2500 francs d'amende.

 

Il est présent dans le nord, au moment où éclate la révolution de février 1848, s'inspirant des idées jacobines, de Commune insurrectionnel de Paris du 10 Août 1792, de la constitution de 1793, il proclame la République à Valenciennes. Le Gouvernement provisoire le nomme Commissaire de la République pour le Département du Nord. Bien que battu aux élections à la Constituante en avril 1848, il lance un nouveau journal « La Révolution démocratique et sociale » d'inspiration à la fois républicaine et jacobine. Il crée une association politique républicaine : Solidarité républicaine qui regroupe républicains de gauche, radicaux et socialistes avec notamment Ledru-Rollin et Mathieu de la Drôme. Au mois de mars 1849, de nouveau condamné à la prison et à une forte amende (3000 francs) pour la publication d'articles qui dénoncent le Général Cavaignac, responsable des massacres de juin 1848. Deux années plus temps, en 1950, une nouvelle condamnation à trois ans de prison le frappe ainsi qu'une très lourde amende de 11000 francs. Ne voyant pas d'autres solutions pour garder sa liberté, il est contraint de quitter le territoire national et se réfugie en Angleterre. De là, il continue son travail de journaliste en s'inspirant de plus en plus de l'idéal révolution de Robespierre. Il réussi à regagner clandestinement la France durant l'année 1853. Mais une arrestation le contraint à quatre longues années de prison et surtout dix ans d'interdiction de séjour. Une forme de bannissement ! Il est déporté à Cayenne. Dès son arrivée, il est transféré à l'ile au diable, séjour des détenus politiques au régime draconien fort en brimades ! Durant son emprisonnement, il rencontre Alexandre Franconie et se lie d'amitié devenant le précepteur de son fils Octave. Delescluze restera en Guyane durant près de deux ans. En novembre 1860, il fait partie des déportés politiques qui sont amnistiés par la loi du 16 août 1859.

 

Charles Delescluze regagne la France, mais s'il reste un combattant politique et révolutionnaire redoutable, il est très diminué physiquement . Il crée un journal radical : « Le Réveil » qui affirme haut et fort les principes de l'Association internationale des Travailleurs. Son journal sera un ardent opposant au Second Empire. Cette opposition lui vaudra la saisie et la suspension de son journal en 1870.

 

Le Réveil reparaitra le 7 septembre. Mais Delescluze sera condamné à trois reprises. Alors que début la Guerre Franco-Allemande de 1870, il doit se réfugier une nouvelle fois en Belgique. Quelques jours plus tard, il revient en France et ressort son journal.

 

Ce révolutionnaire, républicain et jacobin, patriote , surnommé « Barre de fer » sera élu le 05 novembre 1870, Maire du XIXième arrondissement mais il en démissionne le 06 janvier 1871. Il s’oriente de plus en plus dans la voie révolutionnaire appelant à la lutte armée contre ceux qu'il appelle les capitulards. Ces capitulards qui composent le gouvernement de Défense nationale. L'insurrection échoue et son journal est de nouveau interdit.

 

Élu député à l'assemblée nationale le 08 février 1871, s'inspirant une nouvelle de l'Incorruptible, il demande la mise en accusation des membres du gouvernement dit de la Défense nationale.

 

 

 Le 26 mars 1871, il est élu membre du Conseil de la Commune de Paris par les XIième et XIXième arrondissement de la Capitale. Il démissionne du parlement pour entrer aux instances dirigeantes de la Commune. Membre de la Commission des Relations extérieures, de la Commission exécutive en avril 1871 puis celle de la Guerre. Il devient membre du Comité de Salut Public le 09 mai et se retrouve aux côtés d'amis Jacobins comme Pyat et Miot. Le 11 mai, Il devient responsable de la guerre à la Commune avec le titre de Commissaire délégué civil.

 

 

 

 Lors de la « semaine sanglante » suite à l'entrée des Versaillais dans Paris, il appelle lors de la journée déterminante du 24 mai à une guerre ds quartiers. Son célèbre appel : « Place au Peuple, aux Combattants aux bras nus! » retentira et encore de nos jours rappelle le combat du peuple parisien et aussi français pour sa liberté, pour son idéal révolutionnaire d'émancipation. Le lendemain, lors de la journée du 25 mai, désespéré, sentant les choses perdues, il ne fera rien pour éviter la mort sur une barricade au Château d'Eau (Xème arrondissement). Deslecluze, homme entier avec l'honneur et la vertu chevillés au corps, ne voulait pas servir la réaction et les versaillais victorieux que se soit par son arrestation, sa capitulation ou sa fuite.

 

La réaction ne lui fera pas de cadeau. Alors décédé, il fut annoncé en fuite. Alors que décédé depuis le 25 mai 1871, il sera quand même condamné à mort par contumaces lors d'un procès en 1874.

 

Salut et Fraternité.

 

 

D-P.

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 14:34

par Darthé-Payan

 

Dans ce billet qui est le second volet des Jacobins sous la Commune de Paris, après Félix Pyat(*) et avant Charles Delescluze, je vous parle de Jules Miot : Révolutionnaire, Républicain et Jacobin.

 

Jules Miot est né à Autun (Saône et Loire) en 1809 et décédera en 1883.

 

Propriétaire d'une officine de pharmacie à Moulins-Enguilbert dans le département voisin de la Nièvre, il est élu républicain de gauche à l'Assemblée constituante de 1848. Républicain, épris des idéaux des Jacobins et de la pensée de Robespierre et de Saint-Just, souhaitant une république constitutionnelle semblable à la République  de l'An I. Il se situe du côté du peuple, des ouvriers, des paysans, des petits artisans et  des boutiquiers.

 

Lors du coup d'Etat du 02 décembre 1851 fomenté par Louis Napoléon III, il est arrêté puis déporté en Algérie.

 

Gracié en 1860, il rentre à Paris, et combat le Troisième Empire. Il fonde un journal "Le Modéré" qui combat la politique et le régime de Louis Napoléon III et propose une république dans la fidélité de 1793.  Alors qu'il venait de créer une société secrète anti-bonapartiste, il est arrêté et condamné pour complot puis  jeté en prison pour trois années.

 

Il est obligé de s'exiler à Londres. Profitant de son exil londonien, il adhère à l'Association Internationale des Travailleurs.

 

La proclamation de la IIIème République, lui donne l'occasion de rentrer en France. Il est élu comme Conseiller à la Commune de Paris le 26 mars 1871 par les électeurs du XIXème arrondissement de la capitale. Il siégera à la Commission de l'Enseignement. Quelques temps plus tard, il sera l'instigateur du Comité de Salut Public en référence à 1793 et au Grand Comité de Salut Public qu'animaient notamment le triumvirat Robespierre, Saint-Just et Couthon. En pleine semaine sanglante, ce Jacobin, républicain et patriote devra se réfugier en Suisse après avoir été condamné à mort par le Conseil de Guerre. Il ne sera amnistié comme tant d'autres qu'en 1880. Il décéde en 1883 et est inhumé au Cimetière du Père Lachaise.

 

 

Restant fort méconnu, il était un homme entier, généreux, ardent républicain et ne cachait nullement son combat politique révolutionnaire et jacobin, essayant à de multiples moments de sa vie de rallumer et de faire vivre la flamme jacobine et l'idéal démocratique de celui qui l'inspirait, c'est à dire Robespierre.

 

Salut et Fraternité.

 

D-P.

 

 

 

_____________________

(*)

http://darthe-payan-lejacobin.over-blog.com/article-felix-ayme-pyat-un-jacobin-a-la-commune-de-paris-72728949.html

 

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 20:50

Par Darthé-Payan

 

  

Le 6 mai 1758, il y a 253 ans, naissait Maximilien Robespierre celui qui deviendra l'Incorruptible.

 

Je sais que la Droite l'a condamné depuis Thermidor et je sais aussi que beaucoup à Gauche l'ont aussi abandonné et condamné. Etre Jacobin est passé de mode dans la Gauche française toutes composantes confondues. Etre Robespierriste, il ne faut même pas y penser ! La gauche radicale comme la gauche libérale a épousé les thèses thermidoriennes qui décrivent un Robespierre, tyran et responsable de tout ! Ils rejoignent les thèses monarchistes, contre révolutionnaires voire Barruelistes !

 

Et pourtant, ici ou là, des citoyens anonymes, des historiens, quelques politiques, des professeurs, des étudiants, des artistes comédiens et interprêtes font rejaillir la flamme robespierriste et jacobine et s'approprient de nouveau le grand révolutionnaire !

 

Il y a un an, j'ai créé ce blog pour remettre au gout du jour et au centre de la vie politique et de la gauche Robespierre et l'idéal révolutionnaire, républicain, patriote qu'est le Jacobinisme. Ce blog proposait un réarmement idéologique et programmatique de la Gauche autour des valeurs, des concepts de la république et de l'idéal démocratique qu'expriment les Jacobins robespierristes.

 

 

 

 

 

   Robespierre, le Député qui devient l'Incorruptible

 

Robespierre était un humaniste épris de la philosophie des Lumières et de Rousseau. Il montra de manière constante son ardeur révolutionnaire, son idéal démocratique et patriotique. Il fit du Club des Jacobins, la société politique révolutionnaire majoritaire, unifiant les sociétés populaires de provinces et le centre des débats chaque jour plus fervents et féconds. Il fût un député tour à tour constitutant, conventionnel puis il fut élu président de la Convention puis membre du Comité de Salut Public.

 

 

 

 

 

Avec ses amis, Couthon et Saint-Just au Comité de  Salut public puis Lebas à celui de la Sécurité générale et Payan en tant qu'Agent Général,  il permit à la Révolution de triompher, d'être sauvée et lui fît  prendre un cours social, populaire et aussi universel.

 

 

 

 

Cette révolution sociale et populaire s'appuyait sur le peuple souverain et moblilisé. L'intérêt général, l'égalité des droits, la vertu et la morale républicaines furent les paradigmes du projet politique de Robespierre et de ses amis.

 

 

                

 

 

Cette marche en avant vers l'égalité réelle et la souveraineté du citoyen et ce cours nouveau social et populaire furent stoppés ! Ils le furent lors des journées confuses des 8 et 9 Thermidor de l'An II de la République. Le putsch des thermidoriens réussit, Robespierre et ses amis tués,  la révolution sociale et populaire pouvait être stoppée et bientôt la révolution tout court le fût ! La réaction thermidorienne, la contre révolution détruirent les Jacobins et leurs symboles et remis chaque jour un peu plus en cause la politique, les lois sociales et populaires qui furent votées et appliquées durant la période ouverte par la Convention montagnarde et le Salut public. La richesse opulante ressortie de son trou et nous vîmes muscardins, merveilleuses s'emparaient de la rue. Le Club des Jacobins fermé, les Thermidoriens qui avaient tués Robespierre et ses amis, arrêtèrent la révolution et liquidèrent la Convention.

 

______ XXX______

 

 

  Robespierre, le révolutionnaire, à la place des Grands Hommes - La Patrie reconnaissante.

 

 

A l'heure où Les Manuscrits inédits de Robespierre doivent revenir à la Nation ! de l'Incorruptible viennent d'être découverts et mise en vente par un descendant des Lebas, il serait utile que la Nation s'approprie ses documents  lors de leur vente qui doivent avoir lieu le 18 mai prochain. Ces documents de haute valeur historique et aussi politique doivent être portés à la connaissance des Historiens, des Chercheurs, des Etudiants, des Professeurs, des Elèves, des Politiques, de chaque Citoyen. Oui chaque citoyen doit en prendre connaissance !

 

 

 

J'espère aussi que les Frères Robespierre, Saint-Just, Couthon et Lebas auront un jour leur nom sur une plaque d'une artère ou une place de Paris. Pourquoi ne pas appeler la place du Marché Saint Honoré (endroit où se trouvait le Club des Jacobins à l'époque de la Révolution) Place Maximilien  Robespierre dit "l'Incorruptible" ?

 

J'espère aussi qu'un musée Robespierre verra le jour à Arras dans sa vie natale.

 

J'espère aussi que les 108 Robespierristes condamnés, tués et exécutés, à Paris, lors des journées des 9 et 10 Thermidor de l'An II de la République auront une sépulture digne ! Ce ne serait que justice pour ces grands hommes qui firent la Révolution et construirent la France. Une France républicaine, jacobine et universelle, celle du peuple souverain et citoyen qui mis un terme à l'Ancien régime et à la monarchie.

 

 

 

 

 

 

Je pense que Maximilien et Augustin Robespierre, Saint-Just, Couthon, Lebas, Hanriot et Payan doivent avoir les honneurs de la nation, de la patrie reconnaissance et entrer au Panthéon.

 

Je vais terminer mon billet en vous faisant partager un lien qui permettra d'atteindre le lien du discoursde Robespierre "Sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l'administration intérieure de la République. Il fût prononcé le 17 Pluviose An II de la République (05 février 1794) à la Convention.

 

 

Bonne lecture.

 

Salut et Fraternité.

 

D-P. 

 

 

Le lien pour atteindre le discours :

 

 

http://manifeste-jacobin.blogvie.com/files/2011/05/discours-de-robespierre-sur-les-principes-de-la-morale-politique.pdf

 

 

 

 

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 15:17

Par Darthé-Payan



En cette année de célébration et de commémoration du 140ième anniversaire de la Commune révolutionnaire de Paris qui débutera le 18 mars 1871 pour s'achever, après la semaine sanglante, le 28 mai 1871, j'ai décidé de vous parler et de vous présenter un Jacobin de la Commune de Paris, Conseiller de cette commune révolutionnaire et du Comité de Salut Public qui administrait la nouvelle forme républicain et socialiste de la Commune révolutionnaire de Paris. Ce révolutionnaire, ce Jacobin, républicain et homme de gauche se nomme Félix Aimé Pyat. Il est fort méconnu et totalement oublié lorsqu'on rappelle les différents acteurs de la Commune révolutionnaire et de la vie politique tant de la Seconde république que de la Troisième République naissante.

 

   

 



Félix Aimé Pyat est na tif de Vierzon dans le Cher. Il vit le jour le 4 octobre 1810. Ce fils d'Avocat, après des études de Droit; devint Avocat à son tour mais très vite il se lance dans le journalisme. Il fût tour à tour et à la fois Journaliste, Auteur dramatique et homme politique. Il fut un Jacobin durant la Commune de Paris.

Avocat au barreau parisien, il délaisse les plaidoiries pour le journalisme. Il le devient au Figaro et au Charivari. Il intègre la Revue démocratique. Il sera l'auteur de pièces de théâtre, dont certaines sont jouées par l'acteur en vogue Frédérick Lemaître.
 

Après la Révolution de 1848, ce Jacobin, s'inspirant de l'Incorruptible et de l'idéal démocratique et jacobin de l'an II, mais aussi de Louis Blanc, fut désigné Commissaire dans le département du Cher par le Gouvernement Provisoire de la Seconde république. Il est élu député républicain de Gauche à l'Assemblée constituante de 1848. Il se fera remarqué par un remarquable discours sur le droit du travail en réponse à Thiers et à De Tocqueville. Il sera de nouveau élu l'année suivante mais cette fois comme député à l'Assemblée nationale Législative. Son aura s'élargira notamment auprès du petit peuple des ouvriers et des artisans mais également auprès de franges de la paysannerie locale.



Il participe aux émeutes du 13 juin 1849 et doit se réfugier en Suisse, puis en Belgique, du côté de Bruxelles et puis encore migrer et traverser la Manche pour s'établir à Londres.
 

Il profite de cet exil londonien, pour affirmer son projet politique révolutionnaire, républicain et jacobin. Remettant à l'ordre du jour, la politique de Robespierre et de la République montagnarde. Il fonde un parti révolution « La Commune Révolutionnaire » en références à la commune du 10 Août 1792, puis publie et diffuse de nombreux textes révolutionnaires.
 
Ces documents montrent une nette inclinaison républicaine, socialiste et jacobine. Il adhère à l'Association Internationale des Travailleurs (AIT) durant l'année 1864. Il ne reviendra qu'en France qu'en 1869.


Au lendemain de l'assassinat du journaliste Victor Noir en 1870, alors que le monde est de plus en plus incertain, il appelle à l'insurrection et doit de nouveau repartir en exil en Angleterre. Il sera condamné par contumace à 5 ans de prison pour la Haute Cour.

 

 



Après la proclamation de la République le 04 septembre 1870, il rentre en France et créé un journal Le Combat dont le titre résume tout. Quelques mois plus tard, le 08 février 1871, il est élu député à l'Assemblée nationale mais en démissionne le 03 mars. Il fondera un nouveau journal qui s'intitule : Le Vengeur qui sera vite interdit puis supprimé par les autorités politique et militaires de l'époque. Ce journal sera rétabli durant la Commune de Paris. Ces élans de plus en plus jacobins s'inspirant de Robespierre le feront élire comme membre du Conseil de la Commune de Paris. Il sera membre de la Commission exécutive et de celle des Finances et du Comité de Salut Public du 1er mai au 08 mai 1871. Il se fera le héraut de l'intérêt général, de la souveraineté du peuple parisien, de la république égalitaire et aussi du transfert des possessions privées vers la nation assemblée.

 

 

 



Il ne participera pas à ce que l'on appelle la « Semaine sanglante » et de nouveau s'exile à Londres. Il ne rejoindras la France qu'après l'amnistie de 1880 votée grâce à Jules Ferry. Félix Pyat sera de nouveau parlementaire. Il sera élu Sénateur du Cher en 1887 puis député des Bouches du Rhône en 1888, toujours homme de gauche, républicain, jacobin et épris de vérité et de justice. Il meurt le 03 août 1889 à Saint Gratien.
 


Outre les textes politiques, Félix Pyat, laissera à la postérité, diverses publications telles que :

  • Lettres d'un proscrit. La vile multitude. Le prince Tityre. Lettres à Barbès, à M. Chambord, 13 juin. Aux électeurs de la Seine, de la Nièvre et du Cher (2 volumes, 1851)

  • Loisirs d'un proscrit. Lettre au général Changarnier. Vive la République. Samedi et dimanche. Les carabiniers royaux. L'espion Schnepp (1851)

  • La Folle d'Ostende (1886)

  

            



 

ainsi que des pièces de théâtre :

  • ne révolution d'autrefois, ou les Romains chez eux, pièce historique en 3 actes et en prose, avec Théodose Baratte, Paris, Théâtre de l'Odéon, 1er mars 1832

  • Le Brigand et le philosophe, drame en 5 actions, avec un prologue en 2 parties, avec Auguste Luchet, Paris, Théâtre de la Porte-Saint-Martin, 22 février 1834

  • Ango, drame en 5 actes, 6 tableaux, avec un épilogue, avec Auguste Luchet, Paris, Théâtre de l'Ambigu-Comique, 29 juin 1835

  • Les Deux Serruriers, drame en 5 actes, Paris, Théâtre de la Porte Saint-Martin, 25 mai 1841

  • Cédric-le-Norwégien, drame héroïque en 5 actes, Paris, Théâtre de l'Odéon, 26 février 1842

  • Mathilde, drame en 5 actes, avec Eugène Sue, tiré des Mémoires d'une jeune femme, Paris, Théâtre de la Porte Saint-Martin, 24 septembre 1842

  • Diogène, comédie en 5 actes, précédée d'un prologue, Paris, Théâtre de l'Odéon, 6 janvier 1846

  • Le Chiffonnier de Paris, drame en 5 actes et 1 prologue (12 tableaux), Paris, Théâtre de la Porte Saint-Martin, 11 mai 1847

  • L'Homme de peine, drame en 5 actes, 9 tableaux, Paris, Théâtre de l'Ambigu-Comique, 24 février 1885

Article rédigé avec le concours de différentes sources :

 

       Le dictionnaire de la Commune de Paris de Bernard Noël – Éditions Champs-Flammarion.

  • Le Dictionnaire Larousse du XIXème siècle.

  • L’encyclopédie Universalis.

  • Les archives municipales.

  • Les archives nationales.

  • Les archives de l'Assemblée nationale et du Sénat.


Prochainement, je vous parlerais de Jules Miot, autre Jacobin de la Commune de Paris et initiateur du Comité de salut public.

Salut et Fraternité.

D-P.

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